Lucas Ngo

Lucas Ngo - de peinture et d’eau


La peinture a quelque chose de liquide. Les figures de Lucas Ngo sont toujours sur le point de se dissoudre, de fondre, de devenir autre chose. Rarement nommés, ses modèles sont déjà des fantômes, Garçons fantômes dont certaines parties du corps sont déjà effacées, ou en réserve. Ici un bras manque, ailleurs les jambes, une partie de la tête. C’est en partie l’effet d’un cadrage, peut-être un jeu de contraste entre la lumière et l’ombre mais c’est d’autant plus visible que le reste du corps est dessiné. Le travail de contour qui dompte la couleur s’estompe par endroit et devient poreux ; ainsi le corps devient sensation, et état de corps avant tout. Utilisant l’huile d’une façon singulière, sur toile ou sur papier mais toujours avec l’adjonction d’eau, il suggère une surface troublée. Les coulures ont cela de commun avec les émotions que l’on ne peut que provoquer et non pas contrôler. Lucas Ngo propose d’une façon paradoxale des portraits qui se dérobent au regard, ne se retrouvant pas, n’offrant pas une identité figée. Tout est affaire d’esquive, comme si le souvenir ne pouvait se retrouver en le fixant frontalement. Orphée ne ramena pas Eurydice. Là, un garçon semble retirer son t-shirt, un autre s’éloigne ; la mélancolie devient palpable. Parce que tout est impermanence, ses corps comme les paysages qu’il présente peuvent être le lieu des variations. Proche dans l’esprit des peintures de montagne et d’eau, le modèle chinois du Shanshui, ses rivières et cascades ont quelque chose de plus symbolique que réaliste. La peinture ne se situe pas dans ce monde mais tout à côté et les effets d’eau créent une porosité. 

Henri Guette


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Picture by Jack Jacques




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